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Les Cahiers de la Poésie

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Directeur, fondateur et rédacteur en chef : Mondher BEN MILAD

 

En vue de créer une librairie de poésie, Les Cahiers de la Poésie proposent aux auteurs possédant des stocks de recueils d’appeler le : 06 60 50 14 30 pour convenir de modalités de dépôts pour la vente dans le cadre d'expositions animées par des lectures

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LIBROEIL poète et artiste plasticienne

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ARTICLES :

 RIMBAUD

 FRIDA KAHLO

Stefan ZWEIG

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Extrait du recueil de Mondher Ben Milad, illustré par l'auteur :

Poèmes francophones, Poèmes tunisiens

disponible à l'adresse des Cahiers de la Poésie. 10 euros

 

 

ARTICLE

Stefan ZWEIG

(1881 - 1942)

par Mondher BEN MILAD

 

 

La personnalité de ce grand écrivain autrichien qui a vécu dans le même temps la montée du nazisme et celle du sionisme est éclose avec ce jet cordial, la poésie, avec laquelle il a fait ses premiers pas dans l'univers des œuvres de l'esprit. Ce n'est cependant pas la poésie qui est le genre littéraire où il a conquis une célébrité universelle, mais plutôt des écrits sur l'histoire et la littérature qui l'ont imposé comme un excellent miroir réfléchissant une " bonne image " de civilisation européenne. Et à ce titre, il apparaît, en ces jours qui marquent l'aube de l'Europe unie, comme une figure de proue, méritant d'être éclairée pour contribuer à la résurrection de la bonne image.

La vie et l'œuvre de Stefan Zweig témoignent d'une honnêteté intellectuelle exceptionnelle par son caractère passionné, qui s'est manifestée sans cesse dans ses goûts littéraires, ses écrits, ses opinions politiques et dans la conduite de sa vie dramatiquement achevée.

ZWEIG ET LA POESIE.

Ayant lu la poésie de son compatriote Rainer Maria Rilke, durant ses années de lycées, Stefan Zweig l'a appréciée à tel point qu'il en apprit plusieurs poèmes par cœur pour les réciter à ses camarades de classe, avec lesquels il fréquentait les cafés : Le Beethoven, le Rathaus, ou le Reyl, lieux publics où l'on pouvait jouer aux échecs ou lire des journaux et des publications culturelles que la direction mettait à la disposition de la clientèle. Au Café central, se réunissaient les membres du cercle Jeune Vienne, poètes, dramaturges, romanciers parmi lesquels il y avait Arthur Schnitzler, Hugo von Hofmannstahl, et Peter Altenberg, pour lesquels Zweig avait une grande admiration. Quand paraît, en 1902 son premier recueil de poèmes : les Cordes d'argent, composé d'une cinquantaine de poèmes qu'il a choisis parmi près de quatre cents qu'il avait déjà écrits, l'influence des auteurs qu'il appréciait, notamment Hugo von Hofmannstahl et Rainer Maria Rilke, dominait son inspiration. Plus tard, plusieurs fois, il refusera la réédition de ce recueil qui n'apparaît même pas dans l'édition du recueil complet de ses poésies réunies en 1924. Cette " autocensure ", pour ainsi dire, témoigne de l'honnêteté intellectuelle du poète.

La relation de Stefan Zweig à la poésie se déduit beaucoup moins de sa propre poésie que des traductions qu'il fit et qu'il a commencées déjà quand il était encore étudiant, en philosophie. En effet, il a fait alors de nombreuses traductions en allemand d'auteurs de différentes nations européennes, dont : Camille Lemonnier (écrivain belge d'expression française), John Keats (poète anglais), William Butler Yeats (écrivain iralandais). Quoique ses choix à travers la poésie européenne soient étendus, on constate toutefois un intérêt particulier pour la France et qui ne porte pas seulement sur la poésie.

ZWEIG ET LA PENSEE FRANÇAISE.

L'intérêt de Stefan Zweig pour la littérature, la pensée et l'histoire françaises se mesure en premier lieu avec le sujet qu'il a choisi pour sa thèse de doctorat, soutenue à Vienne en 1904, thèse consacrée au philosophe français Hippolyte Taine. Stefan Zweig a fait de nombreux séjours en France, à Paris, qu'il appelait "sa seconde patrie", et où ses amis sont nombreux, et à Marseille où il a travaillé à une adaptation de Volpone. Il a publié au cours de ses années d'études sa traduction d'un choix de poèmes de Verlaine (à Berlin) et en collaboration avec Camille Hoffmann une traduction de poèmes de Baudelaire (à Leipzig). Son premier voyage en France, où il a découvert la Bretagne et Paris, date de la fin de ses études secondaires. C'est dire la précocité de son intérêt pour la France. En 1922, il a écrit un livre sur Marie-Antoinette. Une grande amitié l'a lié avec Jules Romain qu'il a rencontré en 1910, amitié qu'il a qualifiée comme " la plus fructueuse et en maintes occasions la plus déterminante, quant à l'orientation du cours de sa vie ". Il a une correspondance avec Romain Rolland dont il s'est fait le porte-parole en lisant lors d'une conférence donnée à Vienne "La Déclaration d'indépendance des Esprits". Il a publié Joseph Fouché, première biographie d'une série consacrée aux grandes figures de l'Histoire. Il a participé à la création, au Burgtheater, de Un caprice de Bonaparte. Vers la fin de sa vie, il a entamé, au Brésil, un travail sur Montaigne (ce travail et un autre sur Balzac, biographies inachevées, sont parus après-guerre.) Il a traduit Clérambault (1922) de Romain Rolland, et d'autres écrits de ce libre penseur avec lequel il avait de grandes affinités et tout particulièrement l'amour de la paix.

ZWEIG ET L'EUROPE.

en 1917 Stefan Zweig a rédigé à Zurich Le cœur de l'Europe, véritable profession de foi pacifiste. En 1915, marié avec Friederik et installé à Salzbourg, "cœur géographique de l'Europe", disait-il, il était passionné, comme Romain Rolland, par les créateurs en qui il reconnaissait du génie, et sa maison était devenue un lieu de rencontres d'écrivains et musiciens de tous les pays d'Europe. Il consacre en 1920 sa première trilogie à Dostoïevski, Dickens et Balzac dans un volume intitulé Trois Maîtres, symboles majeurs selon lui de l'Europe culturelle. Il a participé à de nombreuses conférences sur l'Europe, en Allemagne et à Vienne. A l'occasion du soixantième anniversaire de Richard Strauss, il favorise la rencontre de Romain Rolland et de Sigmund Freud, comme œuvrant pour la construction d'une unité culturelle européenne. Son autobiographie, Le Monde d'hier (1942, ouvrage publié en 1948), est un portrait de l'Europe d'avant 1914 qu'il évoque avec amour et nostalgie. Le 21 février 1942, il vivait alors au Brésil, Stefan Zweig, refusant peut-être l'avenir du monde, rédige le message d'adieu suivant : " Avant de quitter la vie de ma propre volonté et avec ma lucidité, j'éprouve le besoin de remplir un dernier devoir : adresser de profonds remerciements au Brésil, ce merveilleux pays qui m'a procuré, ainsi qu'à mon travail, un repos si amical et si hospitalier. De jour en jour, j'ai appris à l'aimer davantage et nulle part ailleurs je n'aurais préféré édifier une nouvelle existence, maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même. Mais à soixante ans passés il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble. Et les miennes sont épuisées par les longues années d'errance. Aussi, je pense qu'il vaut mieux mettre fin à temps, et la tête haute, à une existence où le travail intellectuel a toujours été la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême de ce monde. Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l'aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux. " Le 22 février 1942 Stefan Zweig et son épouse se suicident ensemble.

ZWEIG ET LES JUIFS.

Stefan Zweig est né en Autriche, à Vienne, en 1881 dans une famille bourgeoise juive. Son père, originaire de Moravie, avait fondé dans le nord de la Bohême, à l'âge de trente ans, une petite fabrique de tissus, qui devint peu à peu une entreprise importante. Sa mère est née Ida Brettauer, à Ancône, en Italie, dans une famille de banquiers suisses allemands.

C'est dans le journal autrichien, La Nouvelle Presse Libre, que dirigeait le théoricien du sionisme politique, Theodor Herzl. que fut publiée sa première nouvelle : La Marche dans la neige (1902), où il raconte l'histoire d'une communauté juive qui, sous la menace d'une horde d'agresseurs, doit fuir le ghetto de son village.

Quand Stefan Zweig organise en Allemagne et à Vienne une tournée de conférences et des lectures, il est admiré par les intellectuels juifs, alors nombreux en Allemagne, bien qu'il ne manifeste que peu d'intérêt pour ses propres origines juives. A partir de 1931, il ressent la prise du pouvoir par Hitler et la montée du nazisme comme un grand danger. Il réprouve violemment le nazisme dans sa correspondance mais ne s'engage pas officiellement malgré les pressions des autres écrivains, car il pense que son origine juive n'est pas la source de sa pensée dans ses écrits. Il refuse d'ailleurs d'être catalogué parmi les écrivains juifs. Il craint de s'exposer à un endoctrinement par une des factions sionistes ou antifascistes et de perdre ainsi sa liberté de pensée. Seule lui importe sa "liberté intellectuelle et personnelle", cette liberté à laquelle appelait Romain Rolland. Mais le refus de se laisser encadrer n'a aucune influence sur son amitié avec des Juifs. En novembre 1932, il s'est rendu en Alsace pour rencontrer Albert Schweitzer à Günsbach. En 1933, année où sa nouvelle Brûlant secret a été adaptée au cinéma, les nazis virent dans l'écrit et dans le film une provocation. Les livres du pacifiste et antimilitariste Stefan Zweig, considéré comme " juif " malgré tout, furent brûlés le 10 mai, à Berlin, à Munich, et dans d'autres villes, époque où de nombreux écrivains juifs se sont exilés. Zweig refuse toujours une prise de position officielle. En 1940, il a adhéré au " PEN Club européen " qui réunit dans certains pays européens ou à New York les écrivains émigrés, et il songe à son autobiographie où il décrit la Vienne et la Vienne juive, la guerre et la lutte pendant la guerre, l'ascension et la chute depuis Hitler, l'humiliation et la vie des "sans patrie".

 

Romain Rolland et Ghandi, 1931

 

 

 

Les AMIS DU SITE

Bela Marie SCHOVANEC

Bela-Marie Schovanec descend de la famille Andrysek; son ancêtre Jan Andrysek a été le fondateur de la basilique à la "Sainte-Colline" en Moravie, en 1633.

Elle a obtenu à l'issue de ses études en 1971 le diplôme d'Ingénieur en bâtiment; après un séjour d'une année dans le sud de l'Italie, elle s'installa en 1974 à Paris et quelques années plus tard à Alfortville, dans la région parisienne; depuis 1999, membre de la section littéraire de l'Académie Internationale de LUTÈCE, Paris. En 1997 et 1998, elle a obtenu deux diplômes de POSTESIE aux Concours de Poésie organisés par la Poste de Paris, et en 2001, un diplôme de mention pour ses poèmes au Grand Concours International organisé par l'Académie de Lutèce à Paris.

Bela-Marie Schovanec a publié ses poésies en tchèque et en français dans des journaux et revues: l'Almanach" et le "Hlas domova" à Sydney; "Nase hlasy" à Toronto; "Klub" et "Zpravodaj" à Zurich; "Demokracie v exilu", "Ceské Slovo", "Narodni politika", "Hlas Sv. Cyrila a Metodeje" et "Ethologie" à Munich; "Londynske listy" à Londres; "Les Cahiers de la Poésie" et "Obezník" à Paris; "Bic" à Gagny en France; "Orel" à Jonesville aux Etats-Unis; "Cs. Skaut-Exulant" à Stuttgart; "Navraty Kyjovska" à Kyjov en République Tchèque; "Pochoden" et "Lidova demokracie" à Brno en République Tchèque; "Novy zivot" à Rome...

Recueils de poésies parus en France et en République Tchèque :

Slolista ruze pro deti - Mesta a svetci - Pisne lesa a Viry - Kalendar zeme, Boi laskou ozarené - Pisen o Matce Bozi na Truzovce - Kralovna míru - Oaza miru

Les Villes et les Saints - La Rose à cent feuilles pour les enfants - En mémoire du père Jean

Verse lasky a víry - Morska hvezda (Lesní sen, Tajemství, Bozi zeme) - Jerabiny

Illustrés par Xenie Budinska, P.Arnost Hrabal, Ladislav Schovanec, Jaroslav Marak, Helena Tylova, Jiri Kosik, Milos Slama, Pavla Vieweghova, Zdenek Schovanec et Jaromir Svozilik.

Les poésies "L'Icône de Noël" et "La Nuit à Betléhem" sont présentées dans la remarquable œuvre du compositeur Josef Pribyl "La Messe Morave de Noël de..Doubravice" inaugurée à l'église de Doubravice nad Svitavou, à Noël 1998.

La poésie "Le Soir de Noël" a été publiée à l'occasion du concert Missa Paslomlisde R. Führer, à l'église de Notre-Dame à Zdanice en Moravie à Noël 1998, et la même année récitée en public à Rokycany, pendant la période de l'Avent.

En 1997 Jan Simicek, compositeur, a mis en musique les poèmes de Bela-Marie Schovanec, "La Molène", "Le Ciel Slave" et "Le Saint Venceslas", sous le titre Trois Cantiques pour mezzo-soprano et orgue.

Le poème "La Prière à la Vierge Marie de Kyjov" a été récité à Kyjov à galerie "DOMA", et d'autres encore ont été récités lors de vernissages dans diverses galeries en République Tchèque.

Sa poésie "La Lune - l'Hostie céleste" fait partie du documentaire "Le paysage dune âme ; du cinéaste et photographe professionnel Pierre Baran; avec la musique du compositeur Zdenek Pololanik. La poésie "La vie sous la montagne" a été récitée par l'actrice émérite Vlasta Fialova, dans le documentaire du producteur Georges Stehlic, Les yeux des collines qui lient la Bohême et la Moravie ".

Les poèmes "A Gethsémani", "Au temps de Pâques", "Vers la Crèche" et "la Chanson des exilés" font partie des témoignages sur notre civilisation, portés à bord du satellite KEO, surnommé "l'Oiseau archéologique du futur", lancé en 2004 de Kourou en Guyane, par Ariane 5, pour un voyage orbital de 50 000 ans autour de la Terre.

Parmi les traductions réalisées par Bela-Marie Schovanec figurent les "Cantiques de l'Ame" de La Nuit obscure de Saint Jean de la Croix, et Les Madones de Moravie du poète et philologue Père Libor Koval.

Par ailleurs Bela-Marie Schovanec est l'auteur de récits de voyages aux pays nordiques et dans les Ardennes belges et luxembourgeoises.

Une vingtaine d'autres recueils de poésies sont à paraître.

 

&

textes du numéro 63 des Cahiers de la Poésie

LA PUCE (nouvelle de LYLIAN MARIA-MONTHUBERT)

 

 

Une salle de l’Hôtel-Dieu au 16e siècle. Gravure sur bois (détail),

BNF, cabinet des Estampes

Elle a froid, STELLA ; elle frissonne, ses dents claquent sans élégance ; elle a la nausée ; puis un haut-le-cœur. Avec effort, elle lève ses paupières ; dans une brume, elle aperçoit quatre yeux qui la scrutent ; deux clairs, deux très noirs. Un autre haut-le-cœur, elle sent le froid métal d'un haricot contre son cou ; non : elle ne vomira pas. Dommage, ça la soulagerait.

La brume semble se dissiper; sous chaque paire d'yeux, se précise le petit masque blanc qu'elle a toujours qualifié d'hygiénique ; au-dessus des sourcils, le calot vert jade qu'elle a baptisé protège-pellicules ; ce qui fait enrager ANDY. La vie revient.

Il n'est pas là, ANDY. Sa lame est sans doute déjà en train de pourfendre un autre corps ; peut-être plus jeune ; ou peut-être très ridé, difficile à coupailler selon lui, le meilleur scalpel de la place!

Les yeux clairs se penchent vers elle ; une main douce lui tapote la joue

- Ca va, Madame PALMER ? Réveillez-vous... Réveillez-vous...

Elle connaît cette voix harmonieuse ; sans l'identifier, dans sa léthargie persistante.

- C'est fait, Madame PALMER; c'est très bien... Et puis, s'il survient des adhérences, votre époux s'en chargera aussi ! Ah, vous êtes gâtée !

Mots d'homme, sonorités un peu rugueuses ; c'est l'ami d'ANDY, son complice, le Docteur GALLEGO. Elle murmure

- ANDY ... j'ai mal au cœur ...

- Le Docteur PALMER continue sa journée... Il sait que tout va pour le mieux. Les nausées vont se calmer. Ne craignez pas d'évacuer les gaz ; c'est normal.

Tout à coup, elle a plutôt envie de rire ; devant les mêmes personnes, dans son salon, parmi les habituelles semi mondanités, pas question d'évacuer les gaz!

GALL, le raccourci, fabriqué par ANDY, du patronyme de son meilleur ami, GALL quitte la chambre rose, choisie à la fois pour sa couleur et parce qu'elle donne sur le château de VERSAILLES; au loin, se dresse la fameuse statue équestre, relativement récente, du " LOULOU SOLAIRE " ! " SALUT LOULOU SOLAIRE! ". C'est ce qu'ANDY et STELLA s'efforcent de scander en même temps lorsque, tôt le matin, ils abordent la Place d'Armes, quasi déserte, pour aller respirer dans le parc. STELLA ne sait plus comment ce rite, ce surnom, leur sont venus. Encore faut-il que leurs emplois du temps coïncident ; à chaque fois, c'est un bonheur ; un bonheur trop rare.

- Il ne répond jamais, ce pignouf, ajoute rituellement STELLA.

- Il bouffe trop ; et il ne digère pas que son peuple entier ne puisse contempler ses capacités d'ingestion ; à défaut de celles de gestion ! C'est pour les pauvres qu'il mange, comme d'autres riches se contentent de prier pour les gueux ... développe, aussi rituellement ANDY, à une phrase près.

Sous le drap, STELLA descend sa main, tâte au bas de son abdomen, à droite, la plaque adhésive qui protège la couture, certainement à peine visible. Cela tire légèrement; elle dit doucement à l'infirmière qui pose sur elle une couverture chauffante :

- Tout ça pour un petit bout d'appendice!

- Oui, mais savez-vous qu'il était bourré de pépins de raisin ? Un vrai boudin !

- Allons bon ! C'est à cause de notre expérience de vendangeurs d'opérette : plus de grappes dégustées que de mises dans le panier! J'aurais dû en faire de l'huile, dans mon pressoir interne... L'huile de pépins de raisin, c'est la nouvelle mode diétético-commerciale.

- Très bien : vous voilà tout à fait réveillée! Plus de nausées ?

- Non , non, ça va : j'ai faim.

- Quand le Docteur PALMER opère des gamins pour la même chose: dès que réveillés, ceux-ci sautent par terre.

- Un peu de paresse me fera le plus grand bien ; les fleurs sont paraît-il interdites, maintenant, par sécurité sanitaire ??

- Oh, il peut y avoir des passe-droit... Il y a déjà des corbeilles pour vous, dans le bureau de la surveillante cheffe... je vais vous apporter les cartes... Ah GALL a raison, vous êtes gâtée...

Elle a un sourire mélancolique; elle semble envier la chance de l'opérée. L'infirmière a quitté masque et bonnet ; STELLA connaît bien son affabilité, son lumineux regard pers, ses cheveux plus sel que poivre ; elle ignore sa vie, ses difficultés.

Quelqu'un entre sans frapper ; c'est ANDY ; en blouse verte mais recoiffé ; il est magnifique, se dit STELLA ; elles doivent toutes en être éprises ; grand , athlétique, d'un blond qu'elle prétend " viking ", regard jade comme le protège-pellicules... Le charme d'un acteur au bloc opératoire.

- Ca va, chérie ? Tu sais, fini le souvenir douloureux des vendanges !

- Oui, je sais... Je n'ai pas dit trop de bêtises pendant l'intervention ?

- Serais-tu inquiète ? Le regard jade s'est durci, face à STELLA surprise.

- Devrais-je l'être ?

- A ton avis ?

Il change de sujet :

- Tiens ...je t'ai apporté les cartes qui accompagnent de somptueux bouquets... Les galanteries ne manquent pas... Tout à l'heure, Madame HERVET ne te montera que MES fleurs...

Il insiste sur MES.

- C'est gentil à toi, ANDY ; entre nous, il ne fallait pas, tu le sais bien.

- Non, je ne le sais pas... Surtout lorsque je vois tous ces noms inconnus, souvent masculins, qui t'encensent au milieu de gerbes et autres pots de fleurs, hors de prix !

Il devient mesquin, brusquement; au lieu de se réjouir.

- Oh, ANDY : des pots de fleurs... Quand il s'agit de compositions florales, de corbeilles, à la limite... Les fleuristes sont des artistes, mon chéri !

- Dans nos quartiers, certes ; ailleurs, ce ne sont que des marchands de fleurs ; disons que celles-là proviennent de nos quartiers. Ah, tu es la reine...

- Cela devrait au contraire te flatter, alors que tu fais montre d'une ridicule jalousie envers la pauvre chose souffreteuse que tu as clouée sur un lit de clinique !

- Ne me reproche ni mon intervention, ni mes observations, s'il te plaît, chérie ...J'ai le droit d'être las et donc nerveux, tandis que tu te reposes... Je plaisante; l'essentiel, c'est que tout aille pour le mieux et que tu repartes d'un bon pied vers la littérature.

- Dis tout de suite que j'écris comme un pied ! STELLA se sent tout à fait bien maintenant; elle a de plus en plus faim et très envie de connaître ces noms qui ont provoqué la mauvaise humeur incompréhensible du Docteur ANDREW PALMER.

- Oh non, je n'ai jamais pensé une telle absurdité ! Je sais aussi que tu vas courir chez l'esthéticienne pour effacer toute trace de ton court séjour dans mes murs ! N'est-ce vraiment que pour moi ?

- Le moment, le lieu sont plus que mal choisis pour une scène de ménage ! C'est indigne de toi, de nous.

STELLA est perplexe; elle se demande ce qu'elle a pu raconter dans son sommeil provoqué ? Qu'est-ce qui remonte ? Ou qu'est-ce que l'on invente, sous anesthésie ?

L'infirmière a frappé ; elle entre ; non, elles sont deux, chargées de merveilles ; sur les tablettes chiches d'une chambre d'hôpital, elles ne savent trop où les poser. ANDY, rogue, fait un rappel au règlement.

- Vous n'ignorez pourtant pas que les fleurs sont proscrites, après une opération ou un accouchement !

Les deux femmes sont interloquées ; elles avaient cru faire plaisir au Patron en faisant plaisir à son épouse. Que se passe-t-il dans la tête du mari ? Dans la vie du couple ? Toutes les suppositions sont permises ; STELLA en est consciente ; elle a l'impression que sa température est en train de monter.

Devant ces deux témoins, ANDREW PALMER en remet :

- Je suppose que tu préfères être seule pour jouir de l'admiration que l'on te porte ?

- Mais ANDY, tu ne veux pas que nous découvrions ensemble les noms des généreux donateurs ?!

Les fleurs envahissent toute la chambre : la table, les chaises, le sol... Les infirmières se sont éclipsées, par prudence, de ce magasin hors-la-norme.

- Non STELLA, je n'ai pas terminé ma journée ; vois-tu ; jusqu'ici, c'est moi qui, ainsi qu'on le traduit chez les gens simples ...c'est moi qui fais bouillir la marmite!

Non mais quelle mauvaise foi, se dit STELLA ; il occulte les retombées de " LA PASSION SELON ONAN " ! Sulfureux et pudique, dès sa sortie, son roman avait séduit les médias ; les lecteurs suivent souvent leurs conseils, plus ou moins en forme d'injonctions et de connivence avec les grandes surfaces à l'affût ! Bien placées, des montagnes de son livre baissaient à vue d’œil ; les pages de sa sueur cérébrale défilaient devant les caissières...

Il se penche vers elle ; elle se hausse sans trop d'effort ; elle croit qu'il veut l'embrasser, pour se faire excuser de s'être conduit en brute envers sa fraîche opérée. Mais d'une main, il redresse ses oreillers et jette sous son nez le paquet de cartes et enveloppes qu'il tenait dans l'autre.

- Bonne lecture, STELLA SAINT-ANDRÉ !

Et il sort; d'un pas furax, pense-t-elle. L'utilisation exceptionnelle de son pseudo dénote une période de crise ; en quoi en serait-elle responsable ?

STELLA se dit aussi que ce n'était pas malin d'avoir séparé les cartes des envois ; elle ne saura plus trop en quels termes remercier pour ces voluptueux témoignages de sympathie ; ou même ce banal respect des usages ! Sous ses yeux, il y a là un mélange inouï, éblouissant, de formes et de couleurs : des roses, en majorité bien sûr, et de toutes variétés ; des gerberas, des lys, des arômes, des amaryllis, de la gloriosa, des tulipes, noires, bleues, de l'anthurium saumon, du tritoma, des orchidées graciles, d'autres fleurs exotiques en bec de perroquet, sur leur tige raide adoucie par des feuillages aériens, des papillons en plumes, des oiseaux peints ; CHINE, CHINE, CHINE ... Quel pêle-mêle à couper le souffle; il faudra bien tout évacuer, faire place nette pour le prochain supplicié d'ANDY.

Déçue par sa singulière attitude, elle laisse les mots des autres, éparpillés sur le drap ; elle se saisit de la télécommande pour connaître les dernières mauvaises nouvelles du monde extérieur. Et, paradoxe, un scientifique en est justement à redouter que les multiples engins spatiaux n'aient contribué à la contamination de la planète rouge !

Voilà plusieurs années, dans " LA PASSION SELON ONAN ", elle faisait écrire à son héros de papier, exilé dans un pays en guerre :

"... Ces-enfants-de-solitude, mes frères, furent bien contents d'être redescendus de notre astre des nuits, après lui avoir subtilisé quelques carottes ; et leur exploit, dans un paysage si morne, devait être fort louable, si l'on considère les cascades d'honneurs et de festivités, mais aussi de jalousies, qui dégoulinèrent sur leurs épaules extraites de leur scaphandre de footballeurs lunaires ! Qu'importe, à leur orgueilleuse nation, que leurs bottes mal aseptisées aient contaminé les terriens pour des générations, AVEC DES VIRUS INCONNUS DONT LA LUNE FAISAIT SON AFFAIRE SANS EMBÊTER PERSONNE! "

C'était le contraire de ce que prédisait ce chercheur, et c'était pareil... Toute ragaillardie, STELLA décide de mettre les pieds par terre, comme un bambin. Cela tiraille à droite, mais c'est supportable. Elle veut aller jusqu'au bureau d'ANDY, lui parler, lui montrer sa vigueur vite rétablie, grâce à une opération réussie ; ou lui laisser un message dans son sous-main.

Le couloir est désert ; il sent le potage aux légumes et son estomac se creuse d'envie, comme d'une gourmandise devant la vitrine d'un pâtissier. Elle pousse la porte de

l'espèce de minuscule salle d'attente où ANDY dispose d'un lit de repos pour les nuits de garde. C'est un sas qui isole le bureau.

Elle entend un bruit de voix, derrière l'autre porte ; on discute ou on se dispute ? Ce sont les voix d'ANDY et de GALL. Ce dernier crie :

- Tu prends STELLA pour un oiseau migrateur ou pour une délinquante ?

- Mais, ma parole, tu en es amoureux! ANDY crie aussi.

- Mais tous tes amis sont amoureux de STELLA, ANDY ! Ce n'est pas pour cela qu'elle les écouterait s'ils osaient le lui avouer... C'est une intello ...Quelle idée, mais quelle idée tu as eue ! Je te préviens, s'il survenait une complication quelconque, je ne t'aiderais pas ! Non seulement je ne t'aiderais pas mais je lui dirais tout !

- Non, non... Pas besoin ...Je suis sûr que cela marchera correctement...

Le Docteur PALMER est manifestement sur une autre longueur d'onde. STELLA est pétrifiée, les mules collées à la moquette ; un marteau-piqueur s'acharne dans sa poitrine. Que se passe-t-il, pour la première fois, entre les deux amis ?

- Si l'on peut parler de correction... Tiens, commence à te renseigner ... Parce qu'en effet, ça marche ... " L'objet " s'est considérablement rapproché... Pour le pactole dont tu les as gratifiés, les chercheurs du labo ont bien travaillé ! Ta puce va sûrement venir t'embrasser d'un moment à l'autre ...Pour te remercier de ta confiance !!

Le fragile larynx de GALL doit être gonflé à exploser; STELLA a compris qu'elle était en cause mais n'a pas encore saisi pourquoi. GALL, amoureux d'elle? Il n'a qu'une passion: ESTY, la maman de son bébé de trois mois. Alors quoi ? Insémination ou ligature ? Non : ANDY a toujours été d'accord avec elle pour attendre. STELLA, cobaye d'ANDY ?

- Une puce électronique, c'était dans leurs cordes ; et comme ça, je saurai si je me trompe ou si elle me trompe ; les réactions de la puce, elles, ne trompent pas.

- Tu vois, ANDY, je me demande si, en fait, ce n'est pas de son talent que tu es jaloux !

ANDY lui a implanté une puce électronique ! II a fait ça ! Il a profité de l'ablation de ce malheureux appendice! Au mur d'en face, les cadres des dessins d'enfants se mettent à tournoyer ; STELLA n'a que le temps de se diriger vers le lit de repos ; au passage, sa manche de robe de chambre accroche, sur la table basse, des feuillages séchés dans un pot en grés qui se renverse et tombe avec fracas.

" LE VASE BRISÉ :

Parfois aussi, la main qu'on aime

Effleurant le cœur le meurtrit

Puis le cœur se fend de lui-même

La fleur de son amour périt... " (Sully Prudhomme)

 

Cécile TISSIÈRES

NOS NOCTURNES I

Te souviens-tu Mélancolie ?

tu me berçais

de nuit de jour

dans ton palais

tourelles rondes

tu me berçais

Mélancolie

te souviens-tu ?

tes murs bleu nuit

qui scintillaient

et qui valsaient

avec la lune

me rappelaient

l'éclat d'antan

qui s'échappait

des yeux gris-perle

d'une âme perdue

au bord des mers

des yeux bleu roi

dans mon miroir

de nos yeux noirs

dans ma mémoire

corneilles d'hélas

et la muraille

lances d'acier

qui m'entourait

sculptait ton corps

et tes humeurs

dans mon esprit

sculptait mes rêves

et mes désirs

mes jours passés

liseré flou

et abrégé

je somnolais

de jour de nuit

en m'abreuvant

des temps fanés

dans l'antichambre

de ton manoir

fleurdelisé

oh ! inféconde !

Mélancolie

te souviens-tu ?

dans ta demeure

de marbre veiné

tu me berçais

dans ta folie

soleil ou lune

tu me berçais

âme endormie

de souvenirs

et d'illusions

mille chimères

Mélancolie

des étoiles pourpres

astres en feu

lancéolés

tu faisais naître

sur ma poitrine

et je hurlais

et tu gelais

les pleurs d'hier

oh ! crève-cœur !

Mélancolie

te souviens-tu ?

Henri COURBIÈRES

D'UN TEMPS L'AUTRE

" ... Oui Maître... Merci Maître... Chez vous à dix-huit heures trente, Maître ...Merci enc... "

Cloc.

Il s'agit d'un cloc de combiné téléphonique raccroché par l'Ami qui tient à présenter son Ami au grand Maître qu'il considère comme un grand Ami.

*

Paris, dix-sept heures trente. En automobile. Immobile folie.

- Tourne à droite !

- Sens interdit !

- Encore ?

Temps perdu.

*

Au début de leur existence, les obligations s'assimilent difficilement. Suit un banal constat de leurs présences conscientes ou ignorées. Le subconscient devient mémoire.

Temps variable

Et même ciel ailleurs ; jusqu'au bas-sein de la plus affreuse ville à civilisation normalisée.

Temps gagné.

Proche demain à 13.000 km-heure et 1/2 heure Paris-New York par l'arc-de-grand-cercle. Lors, le terme ébloui du retour près de l'Opéra pour rendez-vous fin de soirée. Bouché partout ; parkings, avenues, rues, places, boulevards, trottoirs. L'impasse.

Temps perdu.

*

"  ...et les frais généraux ! Qu'en fais-tu ? ", ricane en biais l'Ami de l'Ami.

Portière à portière, tout contre, traîne une autre voiture demi-mobile. Elle bat pavillon tricouleur.

Temps bourré.

A l'arrière pavillonné, deux frais généraux tristes.

Temps dû.

Au volant ,Bidasse hilare.

Temps chaud.

Envie de sourire à quelqu'un que l'on ne connaît pas et se moquer de l'interdit des sens.

Inégale humeur du véhicule étoilé coulant dans le flot roulant et Bidasse cligne de l’œil. A nous séparés dans un temps abrégé.

Temps complice.

 

*

 

Notre rendez-vous avec le grand Maître quelque peu décalé.

Temps compté.

Les assurances téléphonées sont conditionnées par la circulation urbaine qu'a plus du tout de courtoise humanité.

Alors, 13.000 km-heure ou bien 13.000 heures au kilomètre font ce qui est n'est pas. Et l'inverse. Relativité existentielle hors les frais généraux qui demeurent. Meurent également.

Temps froid.

 

*

 

Quatre étages à bout de souffle. Sonnette à dring.

" Le Maître vous attend ! ", charme la béate de service.

Le Maître.

 

*

 

L'est là: En majesté. Main tendue. Large. Généreuse. Vibrante comme un alexandrin majeur.

Temps pluvieux.

A cause du dentier deux étages.

Salon-bureau gigantesque comme une patinoire de génie pour table à manger centrale.

Derrière, fauteuil chippendale pour fesses tannées. Au-delà, une vaste fenêtre en nombril solaire ouverte dans le mur. En flanquement droit et gauche, - ô fallait-il -, sur grandioses contreplaqués encadrés d'or fleuri, des mots crucifiés sur fond de fleurs fanées. Maux poèmes. Poèmes de mots tus. Peints et signés du Maître. En insolentes majuscules mais oui.

Temps mort.

Le Maître parle à lui-même. En contreplaqué.

Et l'écoutons sans entendre.

Et lui tête pleine de lui qui se prend pour Je en ne sachant plus qui. Consternant. Rencontre référence zéro insupportable.

Temps pis et l'amer par gros temps.

L'Ami s'excuse :

" Vraiment ! J'suis navré ! J'le vois pas souvent, t'sais...

- Faut le voir une fois, tout d'même !

- On va se faire une petite bouffe... J'ai la dent qui mord.

- Tant mieux.

Paris vaut bien une messe-basse !

 

 

!

Jean-Louis RAISON

Hommage à ce qui échappe

… S’ils savaient, s’ils savaient que ne leur a été délivré, en bout de chaîne, qu’un produit dévitalisé, insipide, insignifiant… les ouvrières ayant prélevé au passage, de a à z, l’essence subtile, les sons subséquents, l’échange furtif de regards sur l’objet en vue, mises au parfum du travail partagé, comme une salive collective lubrifiant les mots en bouche, un épiderme commun garantie du contact nourricier.

 

… Le produit fini, n’est au fond qu’un déchet inerte que seul l’usage particulier réanimera quelque peu par l’accumulation compostée des objets de tout foyer sociologiquement défini à sa place.

 

Le sens unique apparent de la production qui aboutit au profit circonscrit des commanditaires – tout ce qu’ils semblent désirer – occulte l’abondance des sens courant, là où s’illustre la fécondité-nécessité pour un pari sur le vivant.

 

… S’ils savaient… Mais ils sont si sûrs d’avoir sans défaillance réquisitionné, mobilisé et immobilisé, dépouillé, vampirisé, pressé, pressé, pressé, qu’ils sont inaccessibles au soupçon d’avoir été refaits : toute mise en relation leur a échappé, tout hors-pairs qu’ils s’estiment être. Passés à côté. Et c’est bien ce qui les pousse, si envieux, à se donner l’illusion de s’encanailler moyennant du para-artistique pour donner du ressort à leurs rites de stérilité.

 

 

 

!

Christelle DESPLATS

 

Je l’ai rencontré

Noyé

Esquissé

Fuyant

Sorcier

Je lui ai murmuré des mots.

Et il m’a demandé de l’aimer, de le haïr,

Et il s’est mis à rire

Alors je lui ai ressemblé,

J’ai vécu définitivement

En lui.

 

Albert PESSES

SEPTEMBRE 2001

Sur ces tours qui chancelèrent

Chancellent nos certitudes

Le monde ne sera plus demain

Ce qu'il était d'habitude

 

Est-ce la fable qui recommence

Du colosse aux pieds d'argile

Du chêne robuste qui s'abat

De Goliath et de Polyphème

 

Le siècle nouveau commence

Et il nous a vite étonnés

Une guerre d'un nouveau genre

Menace nos destinées

 

Et cette fois l'adversaire

A changé la règle du jeu

Il suit ses propres règles

Au mépris des lois de la guerre

 

Ni front ni champ de bataille

A quoi bon y laisser des morts

L'ennemi est bien trop fort

Pour se battre à sa manière

 

Bien sûr sur leur terrain

Nul ne peut les affronter

Mais là où la force est vaine

La ruse peut l'emporter

 

Une forme de stratégie

Cynique et bien calculée

Au lieu de mille morts hasardés

Une seule vie sacrifiée

 

Si l'on divise par mille

Toutes les dépenses à faire

On peut même très pauvre

S'offrir une guerre et la gagner

 

Juste injuste

Est-ce à cette aune

Qu'on peut en juger

Nul dans ce monde

N'est assez pur

Pour le décider

Certains disent que l'Amérique

Ne l'avait pas volé

Mais qui mérite innocent

D'être assassiné

 

Bien sûr l'Occident

N'a pas de quoi se vanter

Mais l'Islam à son apogée

N'a-t-il rien à se reprocher

 

Tous les empires passés

Qu'on admire et qu'on vénère

La Grèce Rome Babylone

Se sont-ils mieux comportés

 

Toutefois on doit admettre

Que dans les pays pillés

Par notre âpre cupidité

On rêve de se venger

 

Ce ne sont pas les candidats

A la révolte kamikaze

Qui risquent de manquer

Le marché est saturé

 

C'est la loi du marché

Qui traite ainsi les hommes

Des hommes peuvent la défier

Par la mort délibérée

 

Certes ils sont fanatiques

Leur cause n'est pas la nôtre

Leur haine nous englobe tous

II ne faut pas l'oublier

 

II est des ralliements

Qu'il vaut mieux ne pas faire

On vivrait malheureux

Sous le signe du Croissant

 

On ne doit pas se cacher

Ni leur haine ni nos torts

Ni le risque qu'ils empirent

L'un par l'autre aggravés

Là comme les choses se passent

On ne voit pas le danger

Pas sûr que nous ayons la chance

D'être longtemps préservés

 

II y a des armes terribles

Qui peuvent nous anéantir

C'est disait-on pour faire peur

Et non pas pour s'en servir

 

Une logique jusqu'alors

Respectée parce que réciproque

Mais pour qui n'a rien à sauver

Où est le risque d'en user

 

Ce siècle sera terrible

Tant de griefs accumulés

Au cas que l'ennemi succombe

Un autre viendra le relayer

 

Jusqu'au jour où à bout de forces

Purgés de leurs sales fièvres

Les deux parties s'accorderont

La grâce de survivre

 

On pourrait le faire tout de suite

Pour prévenir cette misère

Mais je connais trop les hommes

Ils veulent avant verser le sang

 

Les fleuves en seront rougis

En crues sans cesse grossies

Leurs eaux charrieront des corps

De leurs sources à la mer

 

Oui nous tous sanguinaires

Sous un masque d'humanité

Nous serons pris au piège

De notre duplicité

 

Toi qui m'écoutes ou me parles

Tu vivras ces temps maudits

Ou tu mourras c'est selon

Ta bonne ou mauvaise fortune

 

Les dieux déments sont parmi nous

Ils ont pour nom tous ceux

Qui veulent détruire le monde

Ou le recommencer

Vous croyez peut-être des dieux

Vaincre l'absurde colère

Vous n'êtes à leurs yeux blasés

Que cendres et poussière

 

Le monde n'est pas à refaire

II n'est pas à corriger

L'homme est coulé dans la boue

Du limon qui l'a formé

 

Et c'est à ras de terre

Qu'il doit vivre sa destinée

II n'a ni ailes ni auréole

Qui puisse le transformer

 

Le seul combat qui vaille

Passe par des écoles

Où l'on apprenne à vivre

Sans haine et sans fusil

 

Rendons à la raison

Sa place légitime

Donnons à la raison

Le pas sur les passions

 

Qu'aillent au diable ces apôtres

Imans prophètes ou gourous

Ils versent dans l'esprit des hommes

Un vin âcre qui les rend fous

 

Libre à ceux dont la foi l'exige

D'aller au temple de leur choix

Mais que le siège de la loi

Ne soit pas où ils vont prier

 

Albert PESSES,15-11-2001

 

 

Celui qui ne sait pas

De sa raison être le maître

Donne au malheur du monde

Sa chance de perdurer

 

!

Henri COURBIÈRES

 

OMNISCIENCE

La forêt enlace mes rêves,

avançant au rythme de sa disparition dans ses caprices végétaux.

S'ouvrent les mousses et l'argile

devant les fragilités du passant, du passage.

Le cri primal est dans les traces

que je laisse au silence luxuriant.

Les tamarins ordonnent la lumière suspendue aux lianes, aux branches,

aux feuilles douées de beauté.

Les profondeurs naissent

dans les secrets torrentiels des cascades

et l'eau s'achemine

vers le trou de fer qui creuse

le ciel liquide des ravines aux visages d'horizon.

Je m'invite à la rencontre

des premières pluies,

des premières fougères,

des premières naissances émotionnelles,

qui donnèrent à l'homme

un regard de merveille.

La pluie partage pleinement

mon corps éclaboussé, baigné,

qui grandit et s'enchevêtre.

Le temps reste à se confondre

avec mon immortalité.

Je sens déjà les racines de la terre

naître et s'étendre.

Je sens déjà les nouvelles racines

de ce que je ne pourrai jamais être.

 

ARLEQUINADE

 

à Mondher Ben Milad

 

 

 

Dès l'aube

dans l'oubli des gestes

libres de rêves aux couleurs des saisons

j'éveille un nouveau quotidien ordinaire

 

Hasards de sublime tragédie

ou comédie lyrique

les Comédiens entrent en "Cène"

où se joue un morceau de l'éternelle

mémoire de la Vie et de la Vérité

(Les Vérités, faut-il dire)

Polychromie du spectacle

Polyforme de la geste

Polychromie de Verbe

Polychromie du rire et des larmes

 

Il convient de regarder

d'écouter et d'entendre

Spectateur attentif

et dans l'inaudible respiration du cœur

et de l'esprit

l'essentiel

c'est de PAYER SA PLACE

 

 

Eric DAHAN

 

Ainsi donc rien ne varie

Dans vos paradis

Artificiels

Si on m’y convie

J’y amènerai mes larmes

Artificielles elles aussi

 

Mais je vois d’ici

Comment vous nouez

Vos bouts de ficelles

(et vous en tirez ravis)

 

A mon avis

Vos paradis

Artificiels

A la beauté irréelle

Ne valent pas

La queue d’un radis !

 

Ë

 

Dans l’eau pure du lagon

Le bébé a fait un bond

Mais tu n’en étais pas sûre

 

Alors j’ai posé

Ma tête de lecture

Sur ton ventre rond

 

Il a bougé je t’assure !

 

Je me sentais un peu con

Mais j’ai guetté les murmures

Qui venaient du vallon

 

Et je l ’ai entendu pour de bon

Nageant dans la nature…

 

Delphine CAVAGNÉ

 

Nous sommes seuls. Mais nous avançons

Lentement. Très lentement. Et pourtant

Nous ne percevons que du vent

Sur la terre, comme au ciel.

Nous progressons dans ce tunnel

Je regarde en avant mais l’éclat de sa

Blancheur m’éblouit et me gêne.

Je suis blanc comme toi et tu dois

Penser de même pour moi.

Chaque colonne qui passe et sort de

Mon champ de vision, m’indique

Que je marche en ce même moment.

Toi à mes côtés.

Tous ces êtres verdoyant et vivant qui

Nous dominent et se voûtent à

Notre passage à la façon d’une

Nef, me poussent à continuer notre

Avancée interminable pour atteindre

Le cœur et le percer enfin.

----------------------------------------------

Nous communions ensemble.

 

Ë

 

Dans un jardin arrosé si souvent

Dès que perce le soleil et avant que

les gens quittent le parc

se balance doucement une jeune fille

aux yeux de nacre.

Elle exagère avec ses fleurs

[qui s’osent au vent

Un peu folle à consommer le temps ainsi

Recherchant à la fraîcheur un asile

Faire durer la jeunesse sans doute

l’instant sur place reste et restera

Accroché seul à mon cœur.

 

!

André MATHIEU

 

ON CROYAIT

On croyait, on croyait, on croyait que l’on existait.

On croyait que la vie durerait tout le temps d’une vie

comme un poisson dans l’eau dure autant que l’eau dure.

On croyait que les Hiroshima étaient aux peuples réservés en toute exclusivité.

On croyait, depuis Valéry, que les civilisations seules étaient mortelles.

On croyait que le phénix, toujours renaissait de ses cendres.

 

********

 

SOUVENIRS DE BRETAGNE

 

Les églises y sont

Avec leurs saints multiples

Plus apparentes

Et plus belles

Que les seins sur les plages

Les Fest-noz s’y déplacent

Plus vite

Que les fesses n’osent.

 

*********

 

BLEU DE CHAGALL

 

Bleu de Chagall

Bleu de Russe

Non de Prusse

 

Bleu du temps

Où le temps était bleu

Comme la nuit

Des temps.

 

Bleu de la Bible

Peuplée d’étoiles bleues

De rires et de peurs bleues.

 

Bleu comme un pur poisson

Scintillant dans la nuit bleue

De la mer bleue.

 

 

!

Paul FLEURY

 

NOCE RADIEUSE

(ou le Lac de Pommes) à Liliane

 

D’Armorique le cidre a doré la bouteille

depuis que le pommier s’est mêlé à la treille

et le cidre divin coule dans le gosier

d’une fille enivrée au milieu des rosiers

 

Une main la soulève et la couche dans l’onde

épousant doucement sa chevelure blonde

Elle s’ouvre au désir de l’homme qui la prend

et qui pour ses beaux yeux durablement s’éprend

 

Un jour, un clair matin fêtera la mariée

sa robe égalera la traîne d’une fée

Tous les garçons d’honneur benoîtement rangés

 

Voudront se parfumer de sa fleur d’oranger

Mais la fille jalouse en réserve le rpix

aux lèvres préférées de son jeune mari

 

Envoi : Eve réjouis-toi dans la couche d’Adam

et ris en déchirant la pomme de tes dents.

____________________________________

ORION

Grave l’horloge sonne minuit

dans la maison entourée d’ombre

Je rêve à ce temps silencieux

tandis qu’au jardin tu écoutes

 

la voix lointaine des ancêtres

descendue d’on ne sait quel astre.

Chacun vit sa propre saison

et parfois les eaux se rencontrent

 

et les songes dorés se mêlent

quand les barrières se dénouent,

que tombent les " a priori ",

et qu’un baiser, soudain, se pose

 

aux margelles de notre vie,

comme la perception d’un signe :

cette aube s’avançant voilée

telle une rose thé au sommet de sa tige.

 

 

Rached ALOUI

Rached Elaloui est un artiste plasticien tunisien qui a longtemps travaillé dans l'ombre ; son émergence révèle une personnalité nouvelle et inédite dans les arts plastiques tunisiens, possédant de fortes affinités avec le courant lettriste modernisateur de l'art musulman du pays.

La tendance à la citation ou l'insertion active de la lettre arabe dans l'œuvre d'art plastique est répandue dans tous les pays musulmans et certains observateurs spécialisés y voient une " recherche d'identité ", tandis qu'il est plus juste d'y voir une affirmation d'identité, sans compter que les artistes recourent à la lettre de façon quasiment instinctive : ils puisent dans un répertoire de formes qui s'ouvre à leur rêverie artistique très naturellement. Ils n'en font pas tous un usage qui appelle l'affinité avec la calligraphie. En Tunisie, le meilleur exemple de la flexion calligraphique dans l'usage de la lettre est le bon peintre Nja Mahdaoui. Proche de sa pratique est celle de Abderrazak Hamouda.

D'autres plasticiens tunisiens mêlent simplement l'image parodique d'une suite de lignes d'écriture à des compositions abstraites. Leurs travaux occasionnent de bons moments de réflexion sur le mariage de l'inventé et le non-inventé en abstraction : Habib Ben Soltane, Ali Batrouni, Naziha Maghrebi... Le plus célèbre à l'échelle internationale dans l'art lettriste musulman contemporain est l'Iranien Zendéroudi, révélé à Paris par la galerie Stadler dans les années 1980 et devenu un phare dans cette manière plastique.

Inscrits dans ce sillage, ses signes aux formes stylisées par le plein et le délié n'évoquent la calligraphie arabe que par miracle, pour ainsi dire, car il sont totalement inventés, au gré d'une rêverie mystique nourrie de réminiscences culturelles plurielles. Les arts et la civilisation musulmans sont seulement une partie des évocations émanant de ces signes. On songe au " monde de feuillage et d'animaux que l'art roman mêle à ses durs entrelacs " (André Malraux). On songe aux ombres chinoises, aux marionnettes de Java... Grâce à un artifice plastique étudié pour créer une impression de mouvement, les signes se ressentent comme doués de vie, et leur réunion sur le support suggère des scènes insolites d'êtres non identifiables en rapports agressifs entre eux. Une des qualités de cet art est le confinement de l'agressivité seulement dans le spectacle, sans que le spectateur en retire un sentiment de choc. Au contraire, on trouve dans les compositions, dans leurs éléments semblables à des unités élégantes d'alphabet, et dans leur mouvement qui les porte parfois dans un plan aérien, une esthétique de haute qualité de civilisation, où se confondent avec bonheur les sens du mysticisme et de la mondanité, car le signe calligraphique a été affecté de longue date à l'ornementation d'édifices et autres ouvrages élitistes.

Parmi les lettristes, seuls les calligraphes produisent parfois des œuvres frappantes par l'effet dynamique de la lettre ; d'autres atteignent l'illusion de mouvement avec des effets découlant des mêmes principes que ceux, connus, de l'0p-Art (répétition et juxtaposition de formes et de lignes parallèles d'épaisseurs discrètement variables, contrastes et/ou atténuations chromatiques, etc.) ; d'autres lettristes encore - que l'écriture ou sa parodie soient dans leurs tableaux l'objet total du travail ou une composante partielle - n'incluent pas le mouvement dans leurs préoccupations plastiques, et leur œuvres sont statiques.

L'animation des signes parodiques de la calligraphie distingue complètement la production de Rached Elaloui des pratiques connues de l'art lettriste dans les pays musulmans. Sa formation universitaire (études cinématographiques et audiovisuelles à Paris 8 et Paris 3) a probablement marqué sa vision artistique déjà développée par les études à l'Ecole des Beaux-Arts de Tunis. Les tableaux qu'il propose s'appréhendent facilement comme des séquences, saisies sur le vif, d'une action se déroulant sur un écran.

Les matériaux avec lesquels il travaille (parchemin, papier parcheminé, peaux, encres diverses) s'appréhendent facilement comme des indices de son sentiment d'être un scribe. Les grands signes de ses compositions, dits ici une " parodies de la lettre calligraphiée " ont de fortes analogies avec les signatures des notaires arabes (Khanfousa : scarabée). De nombreux autres détails structurent la pensée profonde du travail de Rached Elaloui : la renaissance du Monde arabe. C'est dit avec des moyens allusifs mais avec un ton d'exhortation dans le silence éloquent du noir sur blanc et dans d'autres pièces en couleurs où il utilise, après expérimentation, des matières végétales, dont le safran et le henné (al-hinna, qui est entré dans la langue française au Moyen Age sous la forme de " arcanne ").

La production plastique de Rached Elaloui n'est pas très grande en nombre de pièces. Sa méthode de travail est lente, concentrée, besogneuse, on pourrait dire telle une prière, ce qui appelle le sens du mysticisme. L'impact esthétique est élégant évoquant facilement des reliques d'art arabe.

Dans l'ensemble de la production lettriste, qui constitue une part importante d'art moderne arabe et qui est une forme d'art abstrait, Rached Elaloui se distingue par une abstraction qui a du sens.

Mondher BEN MILAD

___________

Une exposition d'œuvres de Rached Elaloui s'est tenue dans l'Espace-Galerie des Cahiers de la Peinture, du 20 au 30 décembre 2002. Son succès a été spectaculaire, la quasi totalité des pièces exposées ayant été acquises par des amateurs passionnés.

 

LIBRŒIL

 

LIBRŒIL

Condensé d'un prénom et d'un nom

Je suis un scorpion, pion, pion, dessous l'échiquier du ciel ; née dedans chrysanthème, un 1er novembre (l'an XX...)

Une autre vision "sociétale" de l'art pictural ou (et) poétique ; avec un humour tout féminin : ça change ! "l'autre" s'use, vieillit en s'alourdissant. Braves gens, faites chorus avec la grasse rigolade télévisée !

THEMES PRIVILEGIES : Y les enfants d'ONAN (donneurs anonymes et culte de la famille...), bébés congelés puis détruits en cas de surnombre ; Y le clonage authentique (cellules féminines auto-fécondées, sans "y" du tout ; JESUS fut-il JESUSE, seule possibilité d'une parthénogenèse ?) Y les femmes qui se voilent ou se dévêtent selon des critères comportementaux fixés par un monde masculin minoritaire (ex.: "le déjeuner sur l'herbe" des hommes engoncés dans leur sombre costume autour du plat rose de la viande féminine ; extasiez-vous braves gens!) Y la nouvelle EUROPE monétaire, lunatique, discordante, avec ses pauvres et ses voleurs, etc.

Expositions collectives au GRAND PALAIS-PARIS. A NICE-ACROPOLE, au Musée des Beaux-Arts de BORDEAUX, en Espagne (Gentillana Del Mar), en Italie (Pise), au DANEMARK (Copenhague), en RUSSIE (Moscou, Saint-Pétersbourg), en BULGARIE (Gabrovo, Vallée des Roses, Maison de l'Humour et de la Satire, etc.

LIBRŒIL un des 3 noms donnés à sa création, par le peintre du trompe-l'œil, GILOU, du COMITE DE DEFENSE DES ARTISTES DU GRAND PALAIS.

Publication de poèmes et pamphlets dans les journaux de femmes (Choisir, Les Nouvelles Feministes, etc.) ou autres : Toutes Les Nouvelles De Versailles, 30 Jours D'europe, L'homme D'abord, Le Monde : exemple, en 81 :

ETUDE

par Mondher Ben Milad

Rimbaud, orientaliste :

une ambition inaccomplie

Rimbaud photographié par lui-même, au Harare.

On peut dater de 1876, la décision de Rimbaud de tourner définitivement le dos à la poésie, car il a tenté cette année-là de gagner sa vie dans un tout autre domaine, ayant signé aux Pays-Bas un engagement de six ans dans l'armée des Indes néerlandaises, quoiqu'il ait déserté peu de temps après. On n'a pas intérêt à négliger de lire dans ce changement " d'orientation professionnelle ", pour ainsi dire, l'inquiétude pour son avenir d'un jeune lettré français provincial du 19e siècle. Il avait alors 22 ans, l'âge d'entrer dans la vie active. Il venait de prendre conscience que la poésie, l'enfer de la poésie, atroce saison vécue avec des Parisiens, ne lui a rapporté que misère, diffamation et préjudices divers. Avant de signer l'engagement dans l'armée citée, il a d'abord songé à se mettre aux études scientifiques (mathématiques, chimie, physique...), ce dont témoigne une lettre d'octobre 1875 à son ami Delahaye, où il a écrit, par ailleurs, son dernier poème connu : Rêve, s'ouvrant avec ces mots, qu'il faut regarder en face :

On a faim dans la chambrée -

C'est vrai...

On connaît le talent extraordinaire de ce poète ; on est donc surpris, on peut être attristé, de le voir envisager une vie de " légionnaire ". Il a bien fait de déserter, peut-on soupirer, espérant le voir revenir aux vers. Mais non. Il a définitivement tourné le dos à la poésie, ne sachant toutefois pas très bien ce qu'il pourrait faire pour gagner sa vie, et capable, à cause de son caractère casse-cou, de s'orienter vers les activités les plus éloignées de sa formation initiale. Ce qu'il aurait voulu vraiment, c'est écrire de la poésie, et en tout cas " écrire ". Et cela, simultanément avec le souci obsessionnel de gagner sa vie, qui l'a mené à Paris :

- " Paris ville lumière, Paris tête et cœur de la France : blague immonde !... Paris est un lieu où l'on vient pour gagner de l'argent... " (cf. Delahaye témoin de Rimbaud).

C'était déjà une concession dans le dilemme : écrire et gagner sa vie. Car dans Conspecto, poème écrit à l'âge de dix ans, il avait décidé :

" Dieu merci je ne serai pas journaliste ".

Or, il a essayé en 1870, sans succès, de se faire embaucher comme rédacteur dans un journal de Charleroi, sa ville natale. Apparemment, au dix-neuvième siècle, il était difficile pour un jeune lettré à l'esprit libre de trouver de l'emploi.

On ne peut pas dire que lorsque Rimbaud tourna le dos à la poésie, il abandonna totalement toute ambition d'écrire. Cependant, " rongé " ; pour ainsi dire, par le souci de gagner sa vie, il lui fallait découvrir quoi écrire d'autre que de la poésie, ce qu'il a fait jusque-là, et qui le désintéressait désormais complètement :

Avant d'envisager une carrière de légionnaire (en 1876), comme c'est noté plus haut, il se mit, au cours de l'hiver 1875, à apprendre (enfermé dans une armoire, dit-on, signe de ses tendances caractérielles, l'obstination et la concentration) des langues étrangères : russe, arabe, hindoustani, amharina, toutes langues orientales, dont l'étude était associée, au siècle des colonisations, le sien, à l'élan général de découverte du monde. Quoique l'Ecole Nationale des Langues Orientales Vivantes ait été fondée depuis 1795, par la Convention, l'intérêt pour les langues orientales, était devenu plus intense au temps de Rimbaud, car conjugué aux entreprises d'exploration de l'Asie et de l'Afrique par les voyageurs dont les expéditions étaient encouragées et même financées par la Société de Géographie de Paris. Enfermé dans une armoire, l'hiver 1875, Rimbaud songeait-il à une carrière d'orientaliste ? C'est vraisemblable, et il n'est pas osé, à mon avis, d'interpréter qu'il a senti que Mgr Taurin-Cahagne lui " coupait l'herbe sous les pieds ", lorsque, vers 1879, apprenant que ce dernier préparait un livre sur les pays des populations dites Gallas (en Ethiopie) ; il s'exclama :

" Moi aussi, je vais en faire un, et lui couper l'herbe sous les pieds, à Monseigneur. ".

La langue amharina (l'amharique), qui fait partie des langues sémitiques et que Rimbaud étudia enfermé dans une armoire, dit-on, est parlée jusqu'à ce jour par la plupart des habitants du haut-plateau abyssin. Son nom est dérivé du nom de la région centrale d'Ethiopie, l'Amhara. L'amharique est depuis le 13e siècle la langue du roi d'Ethiopie, ayant donc un statut parfait de langue et non de dialecte. Elle est employée jusqu'à nos jours dans les correspondances officielles et dans l'enseignement religieux. Au 19e siècle, au temps de Rimbaud donc, le christianisme, qui a fait de nombreux adeptes en Ethiopie, a été mêlé au développement de l'amharique ; une variété de production littéraire s'est développée dans cette langue et l'on a vu en même temps paraître dans la même langue une presse hebdomadaire. Elle sera ensuite concurrencée peu à peu, comme langue de culture, par des publications dans des langues européennes, au rythme et au gré des progrès de différents Etats européens dans la convoitise de l'Ethiopie. D'ailleurs, l'évêque Taurin-Cahagne dont il est question ici, missionnaire catholique en Ethiopie, a fondé à partir de 1905, au Harare, une gazette hebdomadaire, Le Semeur d'Ethiopie.

L'ambition de Rimbaud de devenir un orientaliste a été vraisemblablement longtemps contrariée, voire refoulée par son obsessionnelle volonté de gagner sa vie ; qui l'a fait courir le monde .

En mai 1876, il est aux Pays-Bas, signant un engagement de six ans dans l'armée des Indes néerlandaises, puis il déserte et part pour l'Irlande... En 1877, il est à Brême écrivant au consul des USA pour demander les conditions d'engagement dans la Navy... La même année, il est en Scandinavie occupant divers emplois : agent, marin, personnel de cirque... La même année encore il s'embarque pour Alexandrie mais tombe malade et fait halte en Italie... L'année suivante il cherche du travail dans une maison de denrées coloniales, à Hambourg... mais en novembre de la même année il est embauché à Alexandrie par un industriel français établi à Larnaka (Chypre) où il se rend aussitôt pour occuper un poste de chef de carrière (il surveille, dirige et paye des ouvriers grecs, arabes, maltais)... Il revient en France en 1879... il retourne en 1880 en Egypte... puis se rend à Chypre où il est employé à surveiller la construction d'un palais pour le gouverneur général de l'île. Peut-être envisage-t-il à ce moment-là de devenir architecte ou ingénieur : il écrit à sa famille pour demander qu'on lui achète des livres techniques dont plusieurs ont trait à la construction urbaine, et même navale.... Mais il quitte cet emploi pour chercher du travail dans tous les ports de la Mer Rouge... Ensuite, il se trouve à Aden (Arabie), engagé par la firme Viannay-Bardey et Cie qui le charge de recevoir du café qu'il doit trier et emballer. Cette firme, ayant fondé une succursale à Harare (Ethiopie), Rimbaud y est envoyé. A partir de 1881, il se stabilise jusqu'en 1884, date de la liquidation de la succursale citée... Retour à Aden, employé par la même firme, etc. ... Dernière étape, il devient négociant à son compte, au Harare...

Etrange devenir professionnel d'un jeune lettré français en qui, en son temps déjà, quoique avec des jalousies et en dressant devant lui des obstacles de tous ordres, on avait reconnu un génie littéraire.

On décèle dans la relation de Rimbaud au travail un caractère fantastique : il se refuse à chercher en France des emplois proches de ceux qu'il accepte à l'étranger ; il essaye même de justifier son refus :

" ... je suis condamné à vivre longtemps encore, toujours peut-être, dans ces environs-ci, où je suis connu à présent, et où je trouverai toujours du travail ; tandis qu'en France, je serais un étranger et je ne trouverais rien. " (Lettre d'Aden-Camp, Arabie., à sa famille, le 5 mai 1884).

Rimbaud ne concevait sa situation en France qu'en tant qu'intellectuel, me semble-t-il. On peut chercher - c'est utile - si le cas ne fut pas répandu parmi de nombreux jeunes Français qui ont émigré en Afrique et en Asie où il sont devenus des colons, commerçants et autres.

Pour Rimbaud ; quel intellectuel pouvait succéder au brillant poète ? L'orientaliste semble vraiment être ce qu'il a projeté de devenir, et qu'il a laissé sommeiller dans sa conscience pendant que le souci de gagner sa vie lui usait les nerfs et la dureté du travail ses forces physiques, jusqu'à le faire douter de jamais pouvoir mettre son projet à exécution. Certaines lettres à sa famille le montrent au bord de la résignation :

Harare, le 6 mai 1883, à sa famille : " Isabelle a bien tort de ne pas se marier si quelqu'un de sérieux et d'instruit se présente, quelqu'un avec un avenir (...) Pour moi, je regrette de ne pas être marié et avoir une famille. Mais, à présent, je suis condamné à errer, attaché à une entreprise lointaine, et tous les jours je perds le goût pour le climat et les manières de vivre et même la langue de l'Europe. Hélas ! à quoi servent ces allées et venues, et ces fatigues et ces aventures chez des races étranges, et ces langues dont on se remplit la mémoire, et ces peines sans nom, si je ne dois pas un jour, après quelques années, pouvoir me reposer dans un endroit qui me plaise à peu près et trouver une famille, et avoir au moins un fils que je passe le reste de ma vie à élever à mon idée, à orner et à armer de l'instruction la plus complète qu'on puisse atteindre à cette époque, et que je voie devenir un ingénieur renommé, un homme puissant et riche par la science ? Mai qui sait combien peuvent durer mes jours dans ces montagnes-ci ? Et je puis disparaître, au milieu de ces peuplades, sans que la nouvelle en ressorte jamais. Vous me parlez de nouvelles politiques. Si vous saviez comme ça m'est indifférent ! Plus de deux ans que je n'ai pas touché un journal. Tous ces débats me sont incompréhensibles à présent. Comme les musulmans, je sais que ce qui arrive arrive, et c'est tout. "

L'entreprise lointaine pourrait bien être le travail d'orientaliste, avec lequel il envisage son retour en France. Il se serait donc résigné à abandonner ce projet ?.Pourtant, dès son arrivée au Harare, en 1881, là où il s'est stabilisé, il a commencé à demander à sa famille des livres et des instruments propres à outiller tout à la fois un explorateur et un orientaliste, deux activités complémentaires du voyageur européen parti à la découverte du monde ; africain en l'occurrence. Dès 1881 donc, il donnait suite au temps passé dans une armoire à étudier des langues orientales (1875), et à la promesse en 1879 de " couper l'herbe sous les pieds de Mgr Taurin-Cahagne ", au sujet duquel il avait appris qu'il préparait un livre sur les pays Gallas. Il demande dans plusieurs lettres (à sa famille, et/ou à Ernest Delahaye) qu'on lui envoie :

Son Dictionnaire arabe et ses " cahiers arabes " laissés chez ses parents à Roche ; le Manuel du Voyageur par Kaltbrünner, Instructions pour les Voyageurs préparateurs ; l'Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1882 ; une Collection minéralogique ; un sextant ; une boussole de reconnaissance Cravet ; un baromètre anéroïde de poche ; un cordeau d'arpenteur en chanvre ; une lunette d'état-major ; un théodolite ; la Carte de l'Institut géographique de Péterman ; un Traité de Topographie ; un Traité de Géologie et Minéralogie pratiques ; un graphomètre ; une traduction française du Coran " avec le texte arabe en regard, s'il en existe ainsi " ; un Dictionnaire de la langue amhara " avec la prononciation en caractères latins ", 1 vol. in-8°, par M. d'Abbadie, de l'Institut...

La précision des commandes témoigne du sérieux avec lequel il envisageait le travail et par ailleurs de l'originalité novatrice dans la recherche qu'il entendait entreprendre. On peut dater de janvier 1882 sa volonté de poursuivre cette orientation ; c'est clair dans deux lettres enthousiastes écrites le même jour (18 janvier 1882), l'une à sa famille, l'autre à Ernest Delahaye :

À sa famille. " ... j'ai besoin de faire acheter quelques instruments de précision. car je vais faire un ouvrage pour la Société de Géographie, avec des cartes et des gravures, sur le Harar et les pays Gallas. Je fais venir en ce moment de Lyon un appareil photographique ; je le transporterai au Harar, et je rapporterai des vues de ces régions inconnues. C'est une très bonne affaire. Il me faut aussi des instruments pour faire des levés topographiques et prendre des lattitudes. Quand ce travail sera terminé et aura été reçu à la Société de géographie, je pourrai peut-être obtenir des fonds d'elle pour d'autres voyages. La chose est très facile. "

À E. Delahaye. " ... Je suis pour composer un ouvrage sur le Harar et les Gallas que j'ai explorés, et le soumettre à la Société de Géographie (...) je te serai infiniment reconnaissant de me faire ces achats en t'aidant de quelqu'un d'expert, par exemple d'un professeur de mathématiques de ta connaissance, et tu t'adressera au meilleur fabricant de Paris (...) et les livres suivants (...) Fais la facture du tout, joins-y tes frais, et paie-toi sur mes fonds déposés chez Madame Rimbaud, à Roche (...) Tu ne t'imagines pas quel service tu me rends. Je pourrai achever cet ouvrage et travailler ensuite aux frais de la Société de Géographie. Je n'ai pas peur de dépenser quelques milliers de francs, qui me seront largement revalus. "

L'ouvrage qu'il annonce dans ses lettres connaît une modeste préfiguration dans le Rapport sur l'Ogadine, fait en décembre 1883, envoyé par Alfred Baradey, patron de Rimbaud au Harar, à la Société de Géographie de Paris dont il était membre, et publié en 1884 dans les Comptes rendus des séances de la société citée. On appelle aujourd'hui Ogaden la région de l'Ethiopie concernée par le Rapport ; elle se trouve au sud-est de l'Ethiopie, entourée du nord au sud par la Somalie ; la ville de Harar est au nord-est de cette région. Le Rapport est égal à six ou sept pages de format A4 dactylographiées avec un espacement normal entre les lignes. Il contient des notes, qui sont peut-être pertinentes, sur les coutumes des populations de l'Ogaden (mariages, fêtes, répartition des tâches entre hommes et femmes, méthodes de chasse, description des armes...). On y reconnaît un plan classique, mais qui est suivi avec plus ou moins de rigueur : géographie physique, géographie humaine, faune et végétation, histoire et actualité politiques et économiques. On est tenté de le définir comme un rapport de mission de reconnaissance en territoire étranger, pouvant servir préparation à une étude approfondie. Dès le début, le rédacteur s'exprime à la deuxième personne du pluriel. Les dernières lignes sont une mise au courant (peut-être réglementaire?) de la Société de Géographie de Paris, de l'intention des auteurs : " Nous sommes donc décidés à créer un poste sur le Wabi, et ce poste sera environ au point nommé Eimeh, grand village permanent situé sur la rive Ogadine du fleuve à huit jours de distance du Harar par caravanes. "

Quatre ans après ce Rapport, Rimbaud écrit au directeur du Bosphore Egyptien une lettre (20 août 1887), parue au Caire ; les 25 et 27 août 1887 sous le titre Voyage en Abyssinie et au Harar. C'est un remarquable article de presse rendant compte des problèmes politiques des régions concernées, contenant l'analyse par Rimbaud - très intéressante - de l'attitude des souverains locaux vis-à-vis des puissances étrangères, notamment la France et l'Angleterre, qui préparaient leurs empires coloniaux.

Le 15 décembre 1887, à sa famille :

" J'ai écrit la relation de mon voyage en Abyssinie, pour la Société de géographie. J'ai envoyé des articles au Temps, au Figaro, etc. J'ai l'intention d'envoyer aussi au Courrier des Ardennes, quelques récits intéressants de mes voyages dans l'Afrique orientale. Je crois que cela ne peut pas me faire du tort. "

En somme, l'orientaliste Rimbaud a produit des articles de presse dont la plupart sont perdus (articles au Temps et au Figaro). Les documents publiés recèlent un intérêt géographique ethnologique et historique certain qui, malgré leur modestie quantitative les désigne comme des contributions à la connaissance de la région d'Afrique concernée.

Le souci permanent de gagner sa vie l'a empêché de poursuivre son grand projet de livre sur une population qu'il voulait sans doute étudier à fond. Quand il a espéré que la Société de Géographie de Paris financerait son travail de recherche, il a reçu une réponse encourageante pour la rédaction de ses notes, décourageante en ce qui concerne l'attente de fonds :

" Monsieur, en réponse à votre lettre du 26 août, la Société de Géographie me charge de vous informer qu'il ne lui est pas possible, quant à présent, de répondre favorablement au désir que vous exprimez [...] Il est à craindre que - votre voyage n'intéressant pas directement un pays français, la politique française, - la somme demandée dans votre lettre ne paraisse trop élevée. En tout cas, vous feriez bien de rédiger les notes ou les souvenirs que vous avez recueillis sur les races bédouines ou agricoles, leurs routes et la topographie de leurs régions. " (M. Maunoir, secrétaire de la Société de Géographie de Paris,).

Mondher BEN MILAD

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FRIDA KAHLO

grâce à un film de Julie Taymor

La femme peintre et sculpteur mexicaine Frida Kahlo (1907-1954) qui fut une représentante du surréalisme dans l'art mexicain de son temps, et son mari, le célèbre peintre muraliste mexicain, Diego Rivera (1886-1957) reçoivent dans ce film, chez eux, Léon Trotsky avec lequel Frida trompe Diego qui venait de la tromper avec sa sœur. Cela nous donne une idée du cocktail sexe et politique, " option récréative ", pour ainsi dire, de ce grand film de souffrance et d'amour, de doute et de conviction dans le monde de l'art et du militantisme social et politique, en haute époque révolutionnaire mondiale. Les personnages n'arrêtent pas de sortir, pour y revenir, de fêtes arrosées de tequila, animées de discussions passionnées sur l'art et le communisme.

Diego est irrésistiblement infidèle ; Frida a des aventures homosexuelles. Cette récréation discontinue donne, en fait, des temps de repos dans le récit d'une vie héroïque, poignante et essoufflante comme tout ce qui est héroïque, d'un couple de peintres que les deux acteurs principaux, Salma Hayek et Alfred Molina (dans le rôle de Diego Rivera) jouent comme deux authentiques artistes peintres.

Les montages métaphoriques qui accompagnent divers épisodes de cette longue séquence de vie (l'ascension de Rivera, appelé par les Américains pour exécuter chez eux une peinture murale, la mort, avec une évocation de l'art de Posada...) sont des créations d'art audiovisuel, œuvres de Julie Taymor sans doute, qui méritent à eux seuls une projection dans un musée. Ce film, qui fera date, j'en suis sûr, est une œuvre d'arts plastiques.

Quoi qu'on pense, Frida Kahlo n'était pas si connue dans les milieux artistiques en France, avant qu'au Festival d'Automne son nom et son œuvre remontent soudain à la surface avec une création théâtrale en 1999 et 2000, Viva la Frida Kahlo !, texte et mise en scène de Enrique Pineda, interprétés en solo par Guadalupe Bocanegra. Bien sûr quelques surréalistes se souviennent de son passage à Paris où elle a exposé parmi eux en 1938. Mais voyons le Dictionnaire de la peinture surréaliste, édité par Filipacchi en 1973, ou les encyclopédies françaises antérieures à 2000, ou encore le Dictionnaire de l'art contemporaine de Larousse. Point de Frida Kahlo.

José Pierre la cite dans L'Aventure surréaliste autour d'André Breton, une édition Filipacchi et Artcurial, 1986, ce qui récupère, timidement, la lacune de 1973, déjà citée. Il faudra attendre la récente exposition sur le surréalisme au Centre Pompidou pour que Frida Kahlo réapparaisse vraiment, en France, depuis 1938, parmi les surréalistes. Ce film de Julie Taymor est capable de promouvoir sa production dans les pays où il sera projeté, et y intéresser des collections publiques et privées. C'est un remarquable press-book d'artiste.

Frida Kahlo est célèbre depuis longtemps dans son pays, peut-être un peu aussi aux Etats-Unis d'Amérique où un timbre-poste vient de lui est consacré.

Certes, ce film attire définitivement l'attention sur cette femme peintre et sculpteur mexicaine dont la vie est devenue une légende. Mais il ne saurait se substituer à une exposition pour que la réapparition de la plasticienne sur la scène artistique parisienne devienne une réalité.

Mondher BEN MILAD

On trouve en 1997 dans " Arts Plastiques ", volume de l'encyclopédie Handicap et dépendance, éditions Cemaforre, une notice biographique sur Frida Kahlo :

Frida Kahlo, mexicaine née en 1907, a joué un rôle actif dans les mouvements artistiques de son pays, revalorisant un art populaire détaché de l'académisme.

Elle est atteinte de poliomyélite à l'âge de 6 ans, puis à 18 ans, est victime d'un accident de la circulation qui la laisse clouée au lit et l'oblige à porter des corsets. Elle se mit alors à peindre: "Ma mère fit faire un chevalet par un menuisier, ... appareil spécial que l'on pouvait fixer à mon lit, car le corset de plâtre ne me permettait pas de me dresser sur mon séant." On plaça aussi un miroir sur toute la longueur du lit, de sorte qu'elle pouvait se servir de modèle. Ce fut le début d'une longue série d'autoportraits, genre prédominant dans l'œuvre de Frida Kahlo.

Sa rencontre avec le peintre Diego Rivera est décisive, tant sur le plan politique qu'artistique. Ils se marient, sympathisent avec la ligue trotskiste et les surréalistes. Grâce à la rencontre avec André Breton, Frida a sa première grande exposition à l'étranger en 1938. Elle rencontre Marcel Duchamp, Mary Schapiro, Trotsky. Elle expose et écrit dans des revues, enseigne à l'académie des Beaux-Arts, puis chez elle - les douleurs permanentes, le corset de fer l'empêchant de se déplacer.

Toute sa vie est une suite de nombreuses opérations et de longs séjours à l'hôpital. Ses thèmes de prédilection : l'avortement, les opérations, la sexualité, la fécondité, la chair blessée, les souffrances physiques et psychiques, seront intégrés dans son œuvre.

A propos d'un tableau, elle écrit: " J'y suis assise, le corset de cuir à la main. Derrière, je suis couchée sur une civière, une partie du dos dénudée ou l'on peut voir la cicatrice des incisions que m'ont faites ces fils de pute de chirurgiens. " A l'hôpital, elle peint avec un chevalet fixé à son lit : " Sept opérations de la colonne vertébrale... Je suis toujours dans mon fauteuil roulant... J'éprouve seulement une grande fatigue, un désespoir indescriptible. Pourtant, j'ai envie de vivre. "

Amputée de la jambe droite, elle apprend à marcher avec une jambe artificielle. Elle meurt en 1954. Ses œuvres font partie des collections des musées du monde entier.

________

Frida, durée 2 heures. Distribution TEM distribution, 305, avenue du Jour se Lève, 92100 Boulogne.

DADA

Cette tendance artistique qui n’a pas fait long feu dans l’art moderne a acquis aujourd’hui un regain d’intérêt, prenant bonne place dans l’arsenal de la force de frappe culturelle. Ce fut à l’origine une mouvance intellectuelle animée par un petit nombre de jeunes Européens dont les premières manifestations se sont déroulées durant la Première Guerre mondiale. On aurait trouvé le mot Dada - devenu le nom d’un mouvement littéraire et d’arts plastiques, que plus tard différents artistes ont chacun prétendu avoir créé - en 1916, en Suisse, à Zurich, dans un café, par hasard, en ouvrant un dictionnaire Larousse.

Dans la constellation de noms qui ont animé la mouvance à ses débuts, on trouve des congénères de différents pays d’Europe : un Roumain (Tristan Tzara, 1896-1963, poète, écrivain), des Allemands (Hugo Ball, 1886-1927, homme de théâtre et écrivain et Richard Hülsenbeck, 1892-1974, écrivain), et un Français alsacien (Hans Arp, 1887-1966, peintre, poète et sculpteur). Leur groupe s’est peu à peu élargi et s’est imposé durant environ une dizaine d’années comme un mouvement littéraire d’abord, puis d’art plastique. L’élargissement du groupe s’est effectué par de nouveaux venus de partout qui ont provoqué le déplacement du siège, pour ainsi dire, lequel fut établi successivement en Suisse (Zurich), aux U.S.A (New York), en Allemagne (Berlin, Cologne, Hanovre), et en France (Paris). A un nouveau siège correspondait parfois un nouveau manifeste et une nouvelle revue. La première manifestation, une soirée poétique avec musique et danse, a eu lieu au Cabaret Voltaire à Zurich où Hugo Ball a déclaré, rapporte-t-on, qu’il doit " préciser l’activité de ce cabaret dont le but est de rappeler qu’il y a, au-delà de la guerre et des patries, des hommes indépendants qui vivent d’autres idéals " (sic).

Chronologiquement, Dada est donc né du projet de lancement d’un cabaret à Zurich, au cours d’une guerre réputée " patriotique ", avec une phrase manifeste, pour ainsi dire, qui l’apparente à la prise de position des pacifistes tel Romain Rolland, dans le Journal de Genève , " Au-dessus de la mêlée ", et au mouvement des pacifistes français qui, en septembre 1915 ont rencontré des Allemands pour publier avec eux un appel contre la guerre.

De ce point de vue, le mouvement Dada apparaît sous un autre jour : une mouvance intellectuelle qui fait écho à un mouvement plus large contre la guerre. Si l’on prend comme référence la date d’éclatement de la guerre de 1914-1918, cette mouvance se révèle animée à ses débuts par des jeunes entre 28 ans et 18 ans : (Hugo Ball, 28 ans ; Hans Arp, 27 ans ; Richard Hülsenbeck, 22 ans ; Tristan Tzara, 18 ans...), voulant s’épanouir dans le monde du spectacle, des lettres et des arts, et qui n’étaient probablement pas encore en pleine possession des moyens de subsistance dans la vie active.

La production dadaïste littéraire et artistique a évolué au fur et à mesure de l’entrée dans le groupe de nouveaux venus dont quelques-uns, comme par exemple Francis Picabia (35 ans en 1914) étaient de loin leurs aînés, ayant même reçu bien avant la guerre une formation classique de plasticiens et participé déjà à des salons de renom. Mais ils étaient comme eux passionnés par la recherche de quelque chose de nouveau qui puisse s’imposer en face des habitudes acquises en littérature et en arts plastiques.

Picabia avait une revue, 391, où, après s’être associé aux dadaïstes, il a publié en 1918, le Manifeste dada 1918, rédigé par Tristan Tzara, dont cet extrait résume l’attitude de ces jeunes et moins jeunes artistes à l’égard des normes en place : " Une œuvre d’art n’est jamais belle par décret, objectivement, pour tous. La critique est donc inutile, elle n’existe que subjectivement pour chacun et sans le moindre caractère de généralité [...] que chaque homme crie : il y a un grand travail destructif, négatif à accomplir. Balayer, nettoyer. ", etc. D’autres poètes, écrivains et plasticiens poursuivaient dans le même temps le même but que les dadaïstes mais sous d’autres noms de groupes et avec d’autres optiques créatives et moyens et capacités promotionnels, comme par exemple les surréalistes qui furent rejoints par des dadaïstes et dont l’entrée en action (1922) a eu parmi ses effets, on peut le dire, l’extinction de Dada. La constellation étendue des noms d’artistes du groupe Dada ajoute à ceux déjà cités : Max Ernts, Raoul Hausmann, John Heartfield, Hanna Hoch, Kurt Schwitters.

Mondher Ben Milad

Extrait du Dictionnaire encyclopédique Art. Point de Mire, en cours de rédaction.

Lettres achevées : A, B, C. D (commencée)

 

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Cher Artiste,

Pour répondre aux difficultés que rencontrent les artistes pour exposer et faire connaître leur travail de façon ininterrompue, le journal Les Cahiers de la Peinture met deux salles faisant partie de ses locaux à la disposition des plasticiens souhaitant y être exposés en permanence.

 

Conditions générales.

- Ce service est assuré moyennant une participation mensuelle aux frais, de 70 euros qui permettent de faire un vernissage tous les deux mois, avec buffet et boissons pour les invités.

- L'exposant est abonné aux Cahiers de la Peinture (62 euros par an). Cette somme est indépendante de la précédente. Cela entraîne immédiatement l'insertion toute l'année des coordonnées de son domicile ou atelier dans la rubrique " Ateliers d'Artistes " de l'édition imprimée (exemplaire ci-joint) et sur le site Internet. L'information sur son activité occasionnelle en galerie ou dans les salons est gratuite pendant toute la durée de l'abonnement (dans l'édition imprimée).

- Nombre d'œuvres par exposant permanent : 3 de format moyen.

- L'exposant détermine le prix de chaque œuvre en joignant à son envoi une lettre mentionnant titre, technique, format et prix

- Les exposants sont informés à l'avance des dates des vernissages et reçoivent chacun dix cartons d'invitation pour inciter leurs relations à visiter l'exposition.

- Les Cahiers de la Peinture invitent de leur côté une variété de personnes intéressées par leur activité culturelle. (L'éditeur publie également Les Cahiers de la Poésie).

- En cas de vente il est prélevé 20 % de bénéfice sur la somme perçue.

Veuillez agréer, Cher Artiste, nos salutations respectueuses

Pour un complément de renseignements, n'hésitez pas à appeler le 01.46.36.02.59

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Voici l'adresse électronique du club : cahiers.delapoesie@free.fr

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Exposition

Gaston Chaissac, homme de lettres

Du 11 avril au 22 juillet 2006 au Musée de La Poste

Galerie du Messager

Le Musée de La Poste présente l'exposition < Gaston Chaissac, homme de lettres " du 11 avril au 22 juillet 2006. Cette exposition rassemble plus de 200 oeuvres (peintures, collages, lettres, dessins, documents...) de Gaston Chaissac et d'une partie de son réseau de correspondants, célèbres ou anonymes. La majorité de ces oeuvres sont montrées pour la première fois.

L'exposition Gaston Chaissac, homme de lettres, propose deux approches :

1. "Tourmenté par le démon d'écrire", Gaston Chaissac (1910-1964) écrivait quotidiennement des contes, des poèmes et surtout des lettres (4 à 5 par jour). Il s'était tissé un réseau de plus de 200 destinataires qu'il choisissait de façon très singulière : revues, Bottin, rencontres...

La complexité du créateur et les moyens qu'il utilise pour communiquer sont évoqués avec une vingtaine de ses correspondants : son épouse, sa fille, les artistes Otto Freundlich, Jeanne Kosnick-Kloss, André Bloc, Albert Gleizes, Jean Dubuffet, Jules Lefranc, les écrivains Jean Paulhan, Michel Ragon, Ghérasim Luca, le facteur-poète Jules Mougin, le photographe Gillés Ehrmann, le galeriste Alphonse Chave. .et des habitants de son village vendéen de Ste Florence. Chacun d'eux est représenté par une oeuvre personnelle ou une photographie, des missives...

Chaissac est un écrivain-épistolier hors-pair qui fait de la lettre une tribune à partir de laquelle il construit sa propre personnalité.

2. La seconde approche de l'exposition montre comment l'artiste se sert de l'écriture réelle ou imaginée dans son oeuvre pictural composé de peintures, collages et dessins. Chaissac utilisait les mots comme il utilisait les matériaux pour peindre. II n'existe pas de rupture entre son oeuvre écrit et son oeuvre peint, l'un et l'autre se mêlant en totale liberté. En effet, il est malaisé de dire que telle de ses pages est une lettre et non un dessin et vice-versa. Les lettres sont pour lui des collages et ses collages, des oeuvres littéraires.

Le tableau " Visage Rouge " de 1962 de Gaston Chaissac reproduit en timbre-poste en 2000 dans la série artistique est également exposé.

 

Le catalogue de l'exposition " Gaston Chaissac, homme de lettres " (96 pages) introduit par Henry-Claude Cousseau est le second titre de la collection " Un Timbre - Un Artiste ", co-édité par L'Ecole nationale supérieure des beaux-arts et le Musée de La Poste.

 

De nombreuses animations sont organisées autour de l'exposition : ateliers pour les 7-12 ans, visites guidées.

 


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 LE PRIX DE POÉSIE GEORGES RIGUET, décerné au Château de la Verrerie du Creusot est doté de cinquante bouteilles de vin offertes par les viticulteurs de la Côte chalonnaise.

Peuvent concourir les recueil édités en 2003, 2004 ou 2005, ainsi que les manuscrits inédits (trente pages minimum). Toutes les formes (classiques ou libres) sont admises. Délai d’inscription : avant le 1er juin 2006. On peut demander le règlement du concours à Madame Monique LABAUNE, 17, route de Montcoy, 71670 Le Breuil (enveloppe timbrée pour la réponse).

EN VUE D’ORGANISER UNE EXPOSITION DE RECUEILS (une semaine avec une soirée inaugurale), Les Cahiers de la Poésie invitent les poètes intéressés à entrer en contact avec Mondher Ben Milad : 01 46 36 02 59 ou 06 60 50 14 30. Evénement gratuit : ni frais de participation, ni pourcentage sur les ventes.

EDITEZ VOTRE RECUEIL AUX CAHIERS DE LA POESIE : 28 pages (14,5 x 21), 100 exemplaires : 400 €

 

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